FONDS MARIANNE : DEUX ASSOCIATIONS MISES EN CAUSE DéNONCENT DES « CONTRE-VéRITéS » DEVANT LA COMMISSION DU SéNAT

« Beaucoup de contre-vérités ont été dites dans la presse », a affirmé avec véhémence Cyril Karunagaran, président de l’USEPPM (l’Union des sociétés d’éducation physique et de préparation au service militaire). Cette association et celle de Reconstruire le commun ont été convoquées mercredi par la commission d’enquête du Sénat, lancée pour tenter de faire la lumière sur l’utilisation du Fonds Marianne. Ce dernier a été créé le 20 avril 2021 par Marlène Schiappa, alors ministre déléguée à la Citoyenneté, dans le but de lutter contre le séparatisme après l’assassinat du professeur Samuel Paty. Initialement doté de 2,5 millions d’euros, il visait à financer des associations portant des discours de promotion des valeurs de la République pour apporter, notamment sur les réseaux sociaux, la contradiction à l’islam radical. Mais, fin mars et début avril, plusieurs médias ont mis en cause ces deux associations parmi les 17 lauréates, notamment sur la faiblesse des productions au vu des sommes publiques reçues (respectivement 355 000 euros et 330 000). Il a aussi été révélé que Reconstruire le commun avait dénigré plusieurs personnalités de gauche. Le parquet national financier (PNF) a ouvert une information judiciaire sur l’utilisation du fonds. L’USEPPM défend un bilan « qualitatif » Selon Cyril Karunagaran de l’USEPPM, « la qualité de notre production a été plutôt bien accueillie par le CIPDR », le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation, la structure du ministère de l’Intérieur qui gère administrativement ce fonds. Alors que des sénateurs lui demandent comment il a pu penser pouvoir passer, avant le Fonds Marianne, d’une structure avec un petit budget (50 000 euros annuels) et « cinq adhérents », à un projet à 355 000 euros, il plaide à plusieurs reprises son « inexpérience dans le champ des subventions publiques ». Il reconnaît alors « une première erreur » : avoir « sollicité cette subvention sur ce sujet sensible ». Puis explique comment, parti d’une « feuille blanche », il a dû « réduire la voilure » sur les ambitions du projet. Mais que malgré tout, « le bilan qualitatif a été atteint ». Cyril Karunagaran confirme au passage que c’est bien le cabinet de Marlène Schiappa qui l’a contacté pour lui proposer de déposer un dossier de demande de subvention auprès du CIPDR au printemps 2021. Mohamed Sifaoui, le médiatique directeur des opérations de l’USEPPM, convoqué également mercredi, n’était « pas disponible », pour « des raisons de santé », selon la commission sénatoriale. Son audition sera reprogrammée ultérieurement. En avril il avait démenti toute « malversation » et dit n’avoir « rien à se reprocher ». « Je ne regrette rien » Ahlam Menouni, présidente de Reconstruire le commun a également dénoncé une « campagne de désinformation médiatique ». Les sénateurs ont pris le temps de regarder des extraits de vidéos produites par son association. Dans une émission - que Ahlam Menouni qualifie elle-même « d’infotainment » - on peut entendre par exemple une personne faire un jeu de mots dénigrant la maire de Paris Anne Hidalgo. « On a du mal à voir le discours apaisé et le discours républicain », tance le président PS de la commission des Finances, Claude Raynal. Le CIPDR « ne nous a jamais interdit de faire des contenus politiques », assume Ahlam Menouni. Pourtant, le 16 mai, Christian Gravel, secrétaire général du CIPDR, affirmait sous serment lui aussi devant cette commission que cette association avait produit « de nombreux contenus à caractère politique », notamment pendant la campagne électorale présidentielle, malgré plusieurs recadrages. « Est-ce que nous avons parlé de politique en tant qu’affaire de la cité ? Oui et nous l’assumons parfaitement. (…) Est-ce que nous avons diffusé des posts partisans ? Absolument pas », assure Ahlam Menouni. « On a été sélectionnés sur un projet, qui avait une ligne éditoriale qui avait pour objet de réagir à l’actualité et faire du divertissement politique généraliste », explique-t-elle. « Je ne regrette rien », a-t-elle assuré.

2023-05-31T22:13:21Z dg43tfdfdgfd