"LA RUE VA DEVENIR INCONSTRUCTIBLE": APRèS LES INONDATIONS à RéPéTITION, UNE RUE D'ARQUES BIENTôT RASéE

Après plusieurs inondations en quelques mois l'hiver dernier, une rue entière d'Arques, dans le Pas-de-Calais, va être rasée. Les habitants, qui bénéficient du rachat de leur bien à sa valeur avant le sinistre, sont partagés.

Novembre 2023, janvier puis février 2024... Les épisodes d'inondations se sont enchaînés dans le nord de la France lors des six derniers mois. Après trois inondations dans les mêmes secteurs cet hiver, notamment à Arques dans le Pas-de-Calais, la préfecture a décidé que 32 maisons allaient être rasées.

32 habitations à détruire, mais en réalité plus grand monde à déloger à l'heure actuelle comme a pu le constater BFMTV ce lundi 29 avril dans la matinée. Car sur place, les maisons sont vides et la rue est aujourd'hui devenue fantôme.

Jusqu'à un mètre d'eau s'était accumulé entre les murs de ces maisons, désormais rachetées aux habitants en vue de leur destruction. "Ils s'en sortent à la valeur du bien avant inondation (...). Chaque propriétaire pourra récupérer ce que vaut son bien", explique Benoît Roussel, maire divers gauche d'Arques sur BFMTV.

"La rue va devenir inconstructible et sera renaturée. Il n'y aura aucune possibilité de construire des immeubles ou des habitations", assure ce dernier.

"Ils ne peuvent pas nous obliger!"

Du côté des habitants, certains espéraient une issue différente. "Je pense qu'il y a d'autres façons de lutter contre les inondations, plus efficaces que d'abattre des maisons", estime Patrick, sinistré des inondations à Arques.

"C'est pas le peu qu'on va pouvoir récupérer en rasant les maisons ici qu'on va empêcher la rivière de déborder", poursuit l'habitant.

"Ils ne peuvent pas nous obliger!", lance une autre sinistrée. Certains, comme ici dans la rue Henri Puype, affirment ne pas savoir que le rachat de leur maison était en cours. "Nous n'étions pas au courant qu'on allait nous racheter, depuis le temps que ça dure moi j'ai commencé à faire des devis, payer des acomptes. Ça aurait pu être fait plus tôt ou nous dire de ne pas faire de travaux", lance-t-elle.

"J'ai eu un mètre d'eau dans la maison, 1m40 au niveau de la cuisine", explique de son côté Clément, lui aussi propriétaire d'une maison qui va être rasée. Ce dernier, qui a investi les lieux il y a cinq ans avant de refaire toute son habitation à neuf, confie que "le prix est juste" lors du rachat.

Une bonne nouvelle face aux "20 ans à payer" restant sur sa maison, désormais invendable sans le rachat de l'État.

Le fonds Barnier, une bonne nouvelle?

Dans la rue la plus inondée d'Arques, certains habitants sinistrés peuvent bénéficier du fonds Barnier. Ce dernier a été créé en 1995 et permet de financer des habitations ou des bâtiments d'entreprise gravement menacés par un risque naturel majeur, grâce aux collectivités territoriales en fonction des prix du marché.

Ce fonds permet aussi de financer des travaux pour limiter les risques de ces catastrophes naturelles. "Que l'on soit éligible ou pas à Barnier, il y a eu des délibérations qui ont été prises avec la communauté d'agglomération", explique Benoît Roussel.

"C'est l'agglo' qui va payer et le fonds Barnier va rembourser la collectivité, comme ça on a un guichet unique pour faire en sorte d'ici cinq ou six mois les habitants aient l'argent sur leur compte", explique le maire d'Arques.

Trois conditions doivent être réunies pour le débloquer: la présence d'un risque naturel spécifique (crues, avalanche, mouvement de terrain), une menace pour la vie humaine et l'absence de solutions alternatives moins coûteuses. Chaque année, le budget alloué à ce fonds est de 200 millions d'euros.

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