Petr Pavel, 61 ans, a remporté l’élection présidentielle en République tchèque ce samedi. Ce général à la retraite a promis de « rétablir l’ordre » dans ce pays fort de 10,5 millions d’habitants, membre de l’Otan. « Je ne peux pas ignorer que les gens ressentent de plus en plus le chaos, le désordre et l’incertitude, que l’État a en quelque sorte cessé de fonctionner », a-t-il déclaré sur son site de campagne. « Nous devons changer cela. Nous devons respecter les règles valables pour tout le monde. Nous avons besoin d’un balayage général », a-t-il insisté. Un passé communiste Né le 1er novembre 1961, Petr Pavel a fréquenté un lycée militaire puis une université militaire. Il a rejoint le Parti communiste - une décision que ses adversaires lui reprochent toujours - et a commencé une ascension rapide dans les rangs de l’armée. On lui reproche aussi d’avoir voulu devenir agent du renseignement militaire. « Je suis né dans une famille où l’adhésion au parti (communiste, NDLR) était considérée comme normale », s’est-il justifié sur son site. « Je n’avais ni assez d’informations ni assez d’expérience pour évaluer la nature criminelle du régime. Maintenant, je sais que c’était une erreur », a-t-il poursuivi. Lorsque le communisme est tombé en 1989, Petr Pavel a quitté le parti mais a poursuivi sa formation en renseignement. « Pendant 33 ans, j’ai participé à la démocratisation de notre pays et milité pour un tournant pro-occidental », s’est encore défendu Petr Pavel. « Je crois que mes actes montrent clairement quelles valeurs je défends et que je suis prêt à me battre pour les préserver », a-t-il encore martelé. Commandant de l’Otan Parachutiste d’élite, Petr Pavel s’est fait connaître pour avoir libéré des troupes françaises assiégées par les Serbes lors de la guerre de Bosnie en 1993. Paris lui a d’ailleurs remis la Légion d’honneur pour sa bravoure en 2012. « Manifestant un courage hors du commun en s’interposant entre belligérants serbes et croates, le général Pavel, alors jeune officier opérations, et ses volontaires tchèques avaient sauvé 53 Français et pris soin de rapatrier les corps de deux soldats français décédés pendant l’offensive », peut-on lire sur le site de l’ambassade de France à Prague. Après l’adhésion de la République tchèque à l’Otan en 1999, il a passé trois ans au commandement régional de l’Alliance aux Pays-Bas. Il a ensuite obtenu une maîtrise en relations internationales au King’s College de Londres avant de devenir chef d’état-major de l’armée tchèque. En 2015, celui qui est marié à une militaire a été nommé chef du Commandement militaire de l’Otan. Il a pris sa retraite de l’armée trois ans plus tard. Lorsque la pandémie de Covid-19 a frappé, Petr Pavel a fondé l’initiative « Stronger Together » (« Plus forts ensemble ») pour gérer diverses crises et aider les personnes dans le besoin. Entre autres promesses, Petr Pavel a juré d’être un président indépendant, non influencé par la politique des partis, de continuer à soutenir l’aide à l’Ukraine déchirée par la guerre, et d’appuyer la candidature de Kiev pour devenir membre de l’UE. Barbe blanche soigneusement taillée et cheveux blancs, le sexagénaire a rarement souri pendant la campagne, qui fut acrimonieuse et marquée par la controverse, y compris sur l’Ukraine. La campagne entre les deux tours a été âpre, avec une vague de désinformation l’ayant largement pris pour cible et des menaces de mort ayant visé son rival, l’ancien Premier ministre Andrej Babis, surnommé « le Trump tchèque », et sa famille. « Son avantage indiscutable est qu’il a l’air très charismatique, une belle prestance, même quand il se contente de rester debout et de ne rien dire », a estimé l’analyste politique indépendant Jan Kubacek.