ITALIE : APRèS L’INTERDICTION DES VOLS DE RECHERCHE DE MIGRANTS EN MéDITERRANéE, LES ONG DéNONCENT UN «ACTE LâCHE ET CYNIQUE»

«Ils veulent empêcher nos avions de témoigner sur ce qui se passe en Méditerranée, mais on ne s’arrêtera pas.» Déclaration cinglante de l’ONG allemande Sea-Watch, qui dénonce ce jeudi 9 mai, une nouvelle mesure prise en Italie face à la venue de migrants par la Méditerranée. Ces derniers jours, l’autorité italienne de contrôle de l’aviation civile (Enac) a interdit aux avions des ONG de survoler la Méditerranée à la recherche de migrants, à partir d’aéroports de Sicile. Sous peine de sanctions allant jusqu’à la saisie de l’appareil.

«Les ordonnances ont un objectif clair, arrêter nos avions de recherche, c’est-à-dire les seuls yeux de la société civile en Méditerranée», pointe Sea-Watch, qui dénonce un «acte lâche et cynique […] à des fins de propagande politique en vue des élections européennes». Les ordonnances concernent les aéroports siciliens de Trapani, Palerme, Lampedusa et Pantelleria. Les ONG ont la possibilité de déposer dans les 60 jours un recours devant un tribunal administratif.

«Nous sommes les derniers témoins des crimes commis contre les droits humains», avertit Giulia Messmer, porte-parole de Sea-Watch en Italie. L’humanitaire précise avoir effectué un vol mercredi depuis l’île de Lampedusa, «avec l’autorisation de l’aéroport de décoller et d’atterrir.» Selon l’Enac, en revanche, ce rôle de recherche et sauvetage en mer revient exclusivement aux garde-côtes italiens. L’autorité considère que toute activité en dehors de ce cadre est illégale.

Les avions communiquent aux navires les positions GPS des embarcations

Les associations font quant à elles valoir que les Etats n’assurent pas leur rôle de coordination et que les avions des ONG sont cruciaux pour permettre de communiquer aux navires les positions GPS des embarcations. «Nous recevons très peu d’informations des autorités et nous comptons vraiment sur les avions et les organisations civiles qui travaillent à la coordination et à la surveillance», explique Julia Schaefermeyer, chargée de communication chez SOS Méditerranée, qui opère sur le navire-ambulance Ocean Viking.

A noter que l’Enac est chapeautée par le ministère des Transports à la tête duquel se trouve le leader d’extrême droite Matteo Salvini, le chef de la Ligue, qui a fait de la lutte contre les migrants son cheval de bataille. Depuis octobre 2022 et l’arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni, son gouvernement ultra-conservateur a multiplié les entraves aux activités des ONG, alors que 150 000 migrants sont arrivés dans la péninsule en 2023.

Ainsi une nouvelle loi oblige les navires ayant secouru des migrants à faire route «sans délai» vers un port dès la première opération, sans pouvoir secourir éventuellement d’autres embarcations. De même, le port assigné aux navires est souvent très éloigné du lieu de sauvetage, obligeant les ONG à naviguer pendant plusieurs jours avant de pouvoir débarquer. Au prix d’une perte de temps et d’une envolée des coûts.

2024-05-09T15:59:08Z dg43tfdfdgfd