LA VENTE DES TURBINES NUCLéAIRES DE GENERAL ELECTRIC à EDF SUSPENDUE AU FEU VERT DES ÉTATS-UNIS

C’est un feuilleton qui dure depuis maintenant deux ans. Le rachat des activités nucléaires de General Electric par EDF est complètement bloqué. "Il ne se passe plus rien", confirme une source proche du dossier. L’entreprise publique doit reprendre la fabrication des turbines "Arabelle" qui tournent dans les centrales nucléaires. Une décision qu’Emmanuel Macron avait prise le 10 février 2022 lors de son discours de Belfort qui actait la relance du programme nucléaire française.

Mais deux semaines plus tard, la Russie a envahi l’Ukraine et l’opération n’a jamais cessé de rencontrer des obstacles. Car la moitié du carnet de commandes d’Arabelle provient de Rosatom, l’entreprise publique russe qui construit et exploite des réacteurs partout dans le monde.

En septembre dernier, tout était enfin prêt entre EDF et General Electric qui avaient conclu un prix d’environ un milliard d’euros pour la transaction. "Ils ont ensuite réussi à obtenir l’autorisation des Russes", assure une autre source proche des négociations. Pupitres et drapeaux avaient même été sortis pour la signature prévue le 1er décembre dernier, en grande pompe, à Belfort, avec le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire.

Des projets de Rosatom en dehors de Russie

Et puis patatras, les États-Unis ont bloqué l’opération. "On attend les autorisations des autorités américaines, entend-on dans les couloirs d’EDF. Les discussions se poursuivent au plus haut niveau." Contactée, le groupe n’a pas souhaité commenter et s’en remet au gouvernement… qui n’en dit pas davantage. À Belfort, où 1.500 salariés sont concernés, l’ambiance est complètement retombée.

"Les équipes d’ingénierie ne travaillent même plus sur les projets de Rosatom, explique Philippe Petitcolin, coordinateur de la CFE-CGC chez General Electric. L’objectif de la France est d’obtenir des garanties que les sanctions américaines permettront de réaliser le carnet de commandes avec Rosatom pour les projets en dehors de Russie".

Ces turbines construites en France pour Rosatom sont destinées à des centrales nucléaires en Égypte, en Hongrie et en Turquie. Les sanctions représentent un risque financier énorme pour EDF. Le groupe manquerait de perdre la moitié du chiffre d’affaires d’"Arabelle" après en avoir payé le prix fort. Chez EDF pourtant, on assure que les difficultés du rachat ne bloqueront pas la fabrication des turbines pour les deux premiers EPR de Penly, dont le chantier doit démarrer en 2027.

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