QUI EST PHILIPPE PALAZZI, LE NOUVEAU PATRON DE CASINO?

La tâche qui attend Philippe Palazzi va être lourde. Un plan social, qui s'annonce conséquent, et le redressement d'une entreprise traumatisée par plusieurs mois de démantèlement. La dernière fois que ce cinquantenaire, originaire d'Aix-en-Provence, a piloté une entreprise en France, c'était en tant que directeur général du géant laitier Lactalis.

Il y a passé moins d'un an, en 2021. Son passage éclair auprès du président Emmanuel Besnier a été l'occasion d'une ouverture du groupe, historiquement très secret. Sa présence à l'époque, ainsi que celle du directeur de la communication, Christophe Piednoël, ont d'ailleurs été appréciées par leurs interlocuteurs producteurs de lait, se rappelle l'un d'eux, qui souligne "un changement de ton" et la proposition d'un "vrai partenariat". Mais des "divergences stratégiques" ont visiblement eu raison de son tandem avec Emmanuel Besnier.

Une carrière dans la distribution

Philippe Palazzi, diplômé d'HEC et de la London Business School, a fait toute sa carrière dans la distribution. Entré au début des années 90 chez l'allemand Metro, il y est resté 25 ans et y a occupé plusieurs postes, dans plusieurs pays d'Europe, en Grèce, en Hongrie et en Italie, jusqu'à devenir directeur des opérations du groupe et membre du board en 2018.

L'actionnaire majoritaire de Metro n'est autre que Daniel Kretinsky, qui a repris le groupe Casino, avec Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds britannique Attestor. Il a donc fait venir Philippe Palazzi pour piloter le sauvetage de l'entreprise française. Sa nomination est connue depuis l'été dernier.

Depuis, il travaille à sa stratégie, avec, selon un proche du dossier, "la volonté de bien faire les choses et de mieux traiter les gens".

Une source syndicale salue d'ailleurs son investissement rapide. Elle décrit un homme avec "une façon de parler plutôt sereine, mais avec de la poigne". Pour redresser Casino, Philippe Palazzi s'est entouré d'une garde rapprochée.

Il a fait venir de Lactalis le directeur de la communication Christophe Piednoël. Alfred Hawanini, qui a travaillé chez Metro et chez Carrefour notamment, devient directeur des opérations et Angélique Cristofari arrive de chez Louis Delhaize (Cora, Match) pour prendre la direction financière.

Dès ce jeudi à Saint-Etienne

Ils ont prévu d'être dès ce jeudi matin dans un train direction le siège historique de Saint-Etienne, pour rencontrer une partie des salariés. La semaine prochaine, ils iront aux sièges de Monoprix et de Franprix en région parisienne et chez CDiscount, à Bordeaux. Pour mettre en œuvre un plan social, qui s'annonce inéluctable et conséquent, Philippe Palazzi veut "faire en sorte que cela se passe le moins mal possible", explique une source, qui rappelle que les repreneurs se sont engagés à porter "une attention particulière" au siège historique de Saint-Etienne, à verser des indemnités au-delà de ce que prévoit la loi et à mettre en place un plan de départs volontaires.

D'après cette source, aussi, la nouvelle équipe va devoir mener de front ce plan social et le redressement de l'entreprise, qui doit être entrepris rapidement. "Il y a urgence", nous dit-on, pour éviter que la situation ne se dégrade encore. Le plan stratégique sur lequel Philippe Palazzi et son équipe travaillent vise d'abord à faire tomber les barrières entre les différentes enseignes qui restent dans le giron du groupe (Monoprix, Franprix, CDiscount et les enseignes de proximité comme Spar, Vival et Petit Casino).

L'idée est de mutualiser certaines fonctions comme les achats ou l'informatique. Les nouveaux dirigeants veulent aussi "réhumaniser" le groupe, selon une source proche du dossier. Ils veulent réinvestir dans les structures (les magasins) et dans le personnel. La question du retour à davantage d'hôtes et d'hôtesses de caisses, à la place des caisses automatiques, se pose notamment.

En janvier dernier, Philippe Palazzi a effectué sa première sortie publique devant les actionnaires et les créanciers, qui étaient réunis pour approuver le plan de sauvetage du distributeur à la Mutualité, à Paris.

"Dans ce contexte, certains pourraient être tentés d'abandonner les priorités sociales et responsables. Ce ne sera pas notre cas. Nous voulons une croissance responsable", a assuré alors le futur dirigeant.

"Je ne crois que ce que je vois", martèle un responsable syndical, salarié de Casino depuis plus de 25 ans. "Moi, j'ai envie d'y croire", lâche une autre, fatiguée par plusieurs mois de restructuration de son entreprise.

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